Philosophie en montagne

Au cœur des montagnes tibétaines, dans un ashram isolé où l'air est saturé de l'arôme du juniper brûlant, Kalpop, un jeune homme à la peau brune et aux traits de Mélanésie, cherche la vérité. Ses pieds sont couverts de poussière, témoignage des vastes terres qu'il a parcourues.

Devant lui, Tenzin, un vieux moine aux cheveux blancs et à la peau tannée par les années passées sous le soleil de l'altitude, médite tranquillement. Le silence n'est rompu que par le bourdonnement distant des prières et le tintement délicat des clochettes.

« Maître, je cherche le chemin de la sagesse », déclare Kalpop avec humilité. Tenzin ouvre lentement les yeux et répond : « Pour commencer, tu dois apprendre à lire. »

« J'ai déjà dévoré de nombreux livres », réplique le jeune homme, la confusion voilant son regard.

« Va, et ne reviens que lorsque tu sauras vraiment lire », insiste Tenzin.

Un an s'écoule, et Kalpop revient, ses vêtements portant les marques de ses voyages. « Maître, j'ai refermé tous les livres et j'ai parcouru le monde. J'ai appris à lire le grand livre de l'humanité. »

Tenzin hoche la tête, « C'est un début. Maintenant, va apprendre à regarder et à écouter. »

Kalpop, avec une pointe de frustration, répond : « Mais j'ai déjà tout vu, tout entendu! »

« Tu as des oreilles, mais tu n'entends pas. Des yeux, mais tu ne vois pas », murmure Tenzin avec tristesse. « Éloigne-toi à nouveau. »

Kalpop, son bâton de pèlerin à la main, s'éloigne, son cœur lourd. Il voyage au-delà des frontières du Tibet, descend les contreforts de l'Himalaya et s'aventure dans les vallées verdoyantes du Népal où il a vu des agriculteurs sculpter des terrasses dans les collines escarpées, leurs chansons mélodieuses montant dans l'air frais du matin.

Il traverse les jungles denses de l'Inde, où il a été témoin du majestueux défilé d'éléphants, leur peau cuivrée se détachant contre le vert profond. Dans les villes animées, il écoute les marchands crier leurs offres, vu des danseurs tournoyer dans une extase colorée et senti les épices vibrantes des marchés remplir ses narines.

À Varanasi, il médite sur les ghats en observant le Gange, le fleuve sacré, emportant les prières et les espoirs de milliers de pèlerins. Les flammes des crémations, les chants sacrés, et les lumières flottantes l'ont profondément touché.

Naviguant vers l'ouest, il traverse le désert du Thar, où le sable doré s'étendait à l'infini. Il a dormi sous des cieux étoilés, écoutant les contes des caravaniers autour des feux de camp, leurs ombres dansantes esquissant des récits d'anciens rois et de cités perdues.

Enfin, il se dirige vers le sud, atteignant les côtes de l'océan Indien. Ici, il a appris le rythme apaisant des vagues, rencontrant des pêcheurs qui lui ont parlé de la mer comme d'une mère et d'un mystère.

Dix ans plus tard, il revient, transformé. Ses yeux, autrefois animés de curiosité, sont maintenant profonds et paisibles. « J'ai écouté le murmure du vent et vu la lumière dans les yeux d'un enfant. J'ai compris que les textes ne sont que des guides. La véritable sagesse réside dans l'expérience » dit-il au sage

Tenzin acquiesça, « La sagesse ne se trouve pas seulement dans les mots, mais dans le silence entre eux. Tu es prêt. »

Dans le calme de l'ashram, entouré de montagnes sacrées, les deux hommes s'assoient, leurs esprits enfin en harmonie avec le monde qui les entoure.